"LA MORT DE JEAN-MARIE DE BALMA raconte cette histoire, depuis la première lettre jusqu'à l'appel de la police en 2018, depuis sa disparition jusqu'à sa mort, depuis notre enfance jusqu'à ces retrouvailles devenues impossibles. C'est un voyage, une longue conversation avec la figure absente et celui qui n'est plus. Une enquête qui va mettre en jeu plusieurs protagonistes, celles et ceux qui l'ont croisé et un peu connu.” Vincent Guédon
Autopsie d’une disparition La disparition volontaire est le choix d'une personne de partir sans se retourner, sans laisser d’adresse. En France, elles sont des dizaines, chaque jour, souvent des hommes. Certaines réapparaissent après quelque temps, mais d'autres s'effacent définitivement. Elles refont leur vie, dans l'anonymat ou sous une nouvelle identité, même si leur fuite silencieuse n'a rien à voir avec un acte criminel. Pour leurs proches, l'absence est un gouffre empli de questions dont les réponses sont suspendues à d'improbables retrouvailles. Jean-Marie de Balma a disparu pendant 35 ans. Puis il est mort, seul, sans laisser de trace ni d’explication. Une disparition presque parfaite.
J’avais laissé la voiture au bord de la route et marché jusqu’à la gare Je ne sais plus si j’avais prévu d’agir ainsi Ou si ça m’était venu subitement Je marchais Avec derrière moi la voiture Et la voiture était tout ce qu’il y avait derrière moi
La pièce dessine les contours du vide laissé par ce départ inexpliqué puis nous amène à nous pencher au-dessus du gouffre d’une vie qui semblait vouée à son propre effacement. Elle le fait, sans jugement moral, avec une délicatesse fraternelle.
Une sobriété au service de l’écoute et de la langue
C’est un théâtre à la fois documentaire et poétique, une quête intime et une enquête sur une énigme vertigineuse.
On verrait presque passer l’ombre d’Eurydice, de retour de chez les morts, portée par celui qui cherche à dialoguer avec cette présence immatérielle. Par éclats, l’écriture réussit à faire apparaître la silhouette fuyante de l’homme qui voulait disparaître.
Présence de la parole
Je voudrais que le texte soit perçu comme une lecture intérieure. Que le spectateur ait l’impression d’avoir lu en lui-même, à voix basse et recueillie.
Une invitation à l’exploration
A travers les figures qui la composent (les frères, la responsable, le gendarme, etc.), La Mort de Jean-Marie de Balma met en scène une humanité sidérante, complexe, qui glisse entre les doigts. Elle explore des liens subtils entre la fiction et le documentaire. Elle imagine des hypothèses sensibles à partir du voyage à Balma, nous laissant entrevoir ce qu'a pu être cette vie silencieuse et discrète. Elle invente, au plus près du possible, ce qui fût, à partir du matériau recueilli.
Cela implique une forme d’incarnation particulière.
La simplicité d’une reconstitution, sensible et fidèle
Les quatre acteur·ices donnent voix et corps à ces figures sans chercher à incarner de personnages, mais en gardant une distance juste afin de restituer sans se substituer.