Paris, le 26 octobre 1971, dix heures du soir. Les invités attendent au buffet organisé pour le vernissage de l’exposition qui lui est consacrée au Grand Palais. C’est la consécration ultime. Francis est submergé d’images, de pensées, de souvenirs. Le matin, alors qu’il travaillait aux préparatifs de l’exposition, il a reçu un coup de téléphone du patron de l’hôtel où il loge avec son modèle et ex-amant, George.
Comme un nouvel "Orphée et Euridyce", Francis et George dialoguent, sans se répondre, comme on parle à un absent : George, dans un anonymat aussi complet que la gloire de Francis est grande. George aussi seul que Francis est entouré. Aussi nu que Francis est masqué. Une parfaite asymétrie entre eux.
Grand Palais est la rencontre des écritures de Julien Gaillard et Frédéric Vossier, habitant chacun les sensibilités et langages si différents de Bacon et Dyer.
A bien des égards, Grand Palais est une pièce à part.
Avec cette pièce, Frédéric Vossier et Julien Gaillard font un geste manifeste. Ils ont pactisé pour occuper un même espace littéraire, une même pièce, au risque de sombrer dans le chaos dont parle Hermann Melville quand il écrit : « Un peu pour la même raison qu’il n’existe qu’une planète dans telle orbite déterminée, il ne peut y avoir qu’un personnage original pour une œuvre d’imagination : deux personnages entreraient en contradiction jusqu’au chaos. »
Mais il me semble que le résultat du pacte de Gaillard et Vossier, c'est d'avoir réussi à faire exister, dans une même oeuvre, deux orignaux. Francis et George. Le Famous et L'Infâme. Et tout mon travail, sera de faire tenir ensemble, en scène, au bord du chaos, ces deux originaux pour que jaillissent leur chant d'amour et de remord.
"Un jour ou l'autre quelqu'un viendra, qui sera capable de mettre plusieurs figures sur une même toile." Francis Bacon